mercredi 31 août 2011

Une maison a Seattle

Les longs voyages peuvent donner l'impression d'errances. En tout cas, ce sentiment vous envahit parfois. Qu'est-ce que je fais là. Qu'est-ce que je cherche. Hier sur les bords du lac Washington à Seattle, une furieuse envie de dormir m'a pris alors que je longeais doucement les rives en vélo. Je me suis arrêté sous un arbre et j'ai dormi. Quelques kilomètres plus loin, alors que j'avais atteint le but de ma promenade, je me retrouvai à trainer les pieds dans l'eau. J'avais comme une envie de me baigner, sans trop en être sûr. Mais quoi ! Je serais las d'être en voyage ? 

Mon périple cycliste de la semaine dernière m'avait épuisé. En arrivant samedi midi à Seattle, j'étais ravis de me poser pendant quelques jours. J'ai été accompagné vers mon lieu de repos par des orques et par le Mont Rainier. Pas mal comme récompense !



Surtout, j'ai eu le plaisir de passer ces journées et ces nuits dans une vraie maison. Qu'elle soit habitée par des européens n'en a été que plus plaisant, ne serait-ce que pour mettre en perspective tout ce qui a été accumulé. Veronika et Thomas sont établis ici depuis plus de 20 ans, l'une autrichienne, l'autre allemand, et grâce à la mère de B., m'ont permis de profiter d'une compagnie et d'un confort bien plaisant et bienvenu. 


Les zones résidentielles à l'américaine - les fameuses allées boisées avec maisons en bois - sont aussi ultra reposantes dans le genre. Vous sentez que tout le monde prend soin de ne pas faire de vagues, que tout soit paisible, sans désordre aucun.

J'ai donc beaucoup fait la sieste. Je me suis aussi assis à la terrasse des cafés de la 15eme avenue non loin de la maison, un bouquin à la main, un thé "tchai" ou une limonade dans l'autre (j'ai découvert les deux ici aux États-Unis!). Je me suis assis sur l'herbe devant le port, au bas de Pine Street, j'ai tourné dans Pike Place Market, un marché plus fourni en fruits, légumes, poissons que ceux que j'avais vu jusqu'alors mais avec toujours autant de trucs et machins artisanaux plus ou moins réussis. J'ai cherché comme un passe-temps boutique de bouquin et magasins de disques. J'ai profité de la ville, plus grande que Portland, mais toujours avec cette espèce de lenteur ambiante. J'ai fini pas reprendre le vélo bien que le relief de Seattle n'ait rien à envier aux collines de San Francisco, vous faisant passer la côte de Belleville pour un gentil faux-plat montant.
 
Mais quand vous êtes seul en voyage, mieux vaut être en mouvement. Alors maintenant que j'ai bien dormi, et que tel un coq en pâte, j'ai bien profité de mon séjour sous le toit accueillant et vivant de V et Th., je suis content de repartir en ballade.


Demain matin, à 7h, je prends le ferry pour les îles San Juan. Je ne verrais pas le Montana.  A peine un regret. C'eut été un tout autre voyage, avec ses spasmes et ses contrariétés (des heures de bus  à s'inquiéter pour son vélo, des kilomètres à se demander où prendre l'avion). Je préfère garder celui-ci fluide. Quoi de mieux que d'aller sur des îles en bateau du coup ? De San Juan, je rejoindrais Victoria sur l'île de Vancouver, puis Vancouver,  la ville. Trois semaines devant moi, tellement long. Tellement court.

vendredi 26 août 2011

100km pour un hotdog

Ça a du bon le vélo sur les petites routes champêtre de l'été du Washington. C'est ça le truc avec le vélo, vous n'êtes pas spectateur, vous êtes dans le paysage. Toutes les odeurs vous parviennent, tous les sons vous sont clairs, tout votre corps est en interaction avec les éléments et le milieux. En plus vous devenez expert de l'anatomie des animaux locaux dont les voitures ont pris soin de vous exposer quelque spécimen sur votre piste à vous - l'opossum semble mieux résister aux chocs que le blaireau...

Et puis ce pays est incroyable. Imaginez vous pédaler tranquillement le mollet un peu lourd en Normandie, son bocage, ses vaches etc. et d' un seul coup sans prévenir au détour d'un chemin. Bam ! Le Mont Blanc. Bon, j'exagère un peu mais c'est l'impression que ça m'a fait le mont St Hélène comme ça au beau milieu des près, tout enneigé (à 50 bornes quand même).

On m'a dit du Nord-Ouest des États-Unis qu'il n'y avait que deux saisons, l'hiver et juillet. Cette année j'ai de la chance c'est août.

Mais il y a tout de même des limites au delà desquelles vous vous fermez au paysage. Votre roue avant devient votre point de mire, le bitume votre horizon, le cliquetis des vitesses a remplacé le gazouillis des oiseaux. 100 km constituent ce genre de limite. Après coup et malgré une certaine fierté, j'ai des doutes sur l'intérêt de la chose outre la nécessite ou la quête de performance. A vrai dire, c'est une distance assez commune chez les cyclistes que j'ai pu croisés. Emmet m'a raconté avoir rencontré une nana, tri-athlète à ses heures perdues qui faisaient des étapes de 180km. J'ai comme un doute sur la santé mentale de certains, mais je ne voudrai pas paraître obtus ! Bref, 87km mardi, 100km aujourd'hui. Ça, c'est fait. Retour de bâton aujourd'hui, je n'ai pas réussi à faire plus de 45... Plus rien dans les guiboles.

J'ai aussi fait deux rencontres toutes les deux bienveillantes dans leur genre. Lorsqu'hier je suis arrivé à Elma avec 102 km au compteur, j'ai comme eu une envie de me récompenser et suis donc allé au motel du coin, un peu vieillot dans son genre, tenu par une femme originaire des Samoa. Avec mon t-shirt portant la marque de mon visage façon Forest Gump et mes mèches de cheveux collées à la sueur séchée de mon front, j'ai du lui faire de la peine, elle m'a fait une réduc' et m'a offert de me faire griller un hotdog, auquel elle a ajouté deux oranges et deux yaourts. Je crois qu'elle se sentait un peu seule. Elle avait perdu son mari en septembre, voulait vendre pour rejoindre sa fille de l'autre côté en Virginie.

Patty le midi au resto-bar de Centralia, j'ai pas trop cherché la conversation. Blonde, la cinquantaine maquillée et le mini-short en jean, elle m'a d'abord demandé, en roulant des yeux, de dire "please" au serveur à qui je demandais de remplir mes bidons, pour conclure en me paluchant l'épaule 
- Good boy... What's your name ? 
- Euuh, Fabien. 
- Aaaaaah... Fabio ! 
- Non just Fabien. It's french. 
- Well look at you ! I bet it's french ! I don't know how to speak french... But I know how to kiss in french gloussa t- elle !!! 
- Well well. Nice talking to you Patty, I got to go now !

lundi 22 août 2011

Citadin de Portland

Retour à la Ville

J'ai repris durant quelque jours ma vie citadine. Ce que je suis au fond, un citadin.

J'ai terminé mercredi soir la première étape cycliste : 564 km et une dernière journée exténuante, face au vent, toujours, mais avec philosophie donc... Sans doute parce que c'était le dernier jour aussi !

Depuis, je me délecte de la vie portlandaise, en essayant de ne pas trop enfiler les baskets du touriste. Ça tombe bien, il n'y en a pas trop ici. Et Portland a à offrir quantité de petites choses du quotidien citadin. Une bonne solution est aussi de ne pas prendre son appareil photo avec soit.

J'ai donc vendredi laissé mon vélo de côté. Logé dans une auberge de jeunesse proche du centre-ville, j'ai retrouvé l'usage de mes pieds.

On m'a dit de la ville qu'elle était la plus grande des petites villes américaines, on m'a aussi dit que cette ville était un secret... La population y est jeune. Les rues sont calmes, peu de voitures, une large place laissée aux vélos, le tramway gratuit en centre ville, des dizaines de bars, pubs, resto en tout genre, une vie culturelle intense... Que demande le peuple ?

Sur les murs d'un vieux bâtiment de Burnside Avenue, l'artère qui coupe la ville en deux, est écrit en vieilles lettres industrielles d'entrepôts : "Keep Portland Weird". De l'autre côté de la rue, une queue de 25 m devant Voodoo Doughnut, LA référence locale en matière de doughnut (ces petites brioches rondes avec un trou au milieu, assez sucrées et grasses dans leur genre, un délice !). Devanture rose, briques recouvertes de paillettes, des dizaines de doughnuts multicolores au choix...


Juste derrière, tous les samedi se tient le Saturday Market sous l'un des nombreux ponts qui traversent la Willamette River. Artisans du coin, babioles en tout genres, fripes, le tout au milieu de stands de bouffe plus ou moins appétissant selon la teneur en graisse des odeurs qui en émanent... Des types qui jouent sur des xylophones, un gars qui tape sur des poubelles, un prêcheur que personne n'écoute, et le soleil, les gens...




Bouquin, musique, cinéma

En approchant de downtown, vous ne pouvez pas passer à côté de Powell Book Store, autoproclamé plus grande librairie indépendante du monde... A faire passer la Fnca pour une supérette. Des kilomètres de rayons, des salles entières réservées à chaque genre. Ils vous distribuent une carte  à l'entrée. J'y passe plus de deux heures, en mode geek, entre les bouquins de science fiction et les BD...

A quelques blocs, Jackpot record.. Une autre heure passée à écouter de la musique. Sur la route qui m'emmène vers le sud de la ville j'apprends que ce soir a lieu la dernière séance du cinéma en plein air organisée au Pioneer Courthouse Square.  Ce sera Stand By Me, un film des années 80, sur l'histoire de quatre gamins en ballade dans l'Oregon rural.

Un après midi errant...

La ville s'étend en bonne partie de l'autre côté de la Willamette River, j'y suis allé faire un tour samedi, sous la chaleur intense du soleil d'août.

Le paysage prend des allures de zones industrielles avec entrepôts reconvertis en cafés, broquantes, assez branchés, mais pour l'heure désert... Les contre-allées de Hawthorn boulevard offrent un cadre résidentiel digne des séries télés, avec chemin parcouru de grands arbres, belles maisons en bois avec pelouse, mégère et son chien qui me fait savoir que je n'ai pas être assis là contre un arbre à dessiner. Alors j'ai bougé, je m'en suis allé ...

Vers un parc urbain quelques rues plus loin. Discret dans ce cadre très propret et paisible, il accueille terrains de sport en tout genre, anniversaires en plein air, siestes à l'ombre des peupliers... Moi, je lorgne sur le terrain de basket, où un type torse nu, large short, t-shirt noué sur la tête façon gangsta, fait des paniers... Dennis a 29 ans, au chômage, après quelques galères. De mère indieno-mexicaine, et de père ecosso-afroamericain, il aime bien Portland. La vie n'y est pas chère, tranquille. On fait des paniers ensemble. On discute. Il n'a jamais voyagé. Il aimerait aller sur la terre de ses ancêtres en Écosse. Me demande s'il y a du racisme en Europe, me parle des Trailblazers, l'équipe de Basket de la ville, s'interroge sur le fait que beaucoup de gens de sa génération ont des parents divorcés ...

Il est 18h, j'ai soif, je m'arrête dans le premier bar venu, commande une bière, lit le Willamette River, un hebdomadaire gratuit sur la vie culturelle locale, assez piquant et cynique dans son genre. A 9h, au Living room theatre sur NW 10th St, ils jouent Freight Night, un film plutôt comique et prenant sur un Vampire... Le genre en général me laisse perplexe mais là je me marre bien ! Je suis assis au fond de la petite salle, dans un fauteuil de salon, j'ai une table basse devant moi. J'ai commandé une pizza au bar à l'entrée, on me l'apporte dans la salle. Deux types se sont pris une bouteille de vin et deux grands verres.

Aujourd'hui, je suis aller au jardin des roses, sur les hauteurs de la ville, qui mènent au plus grand parc urbain américain, avec ses 120 km de pistes en tout genre. J'ai dessiné des roses.

Et dire que demain, je reprends le bus pour  Astoria sur la côte. Et mon vélo aussi. Direction Seattle, samedi prochain. Pour une nouvelle bouffée d'air urbain ! Ouf, ça fait du bien !


mercredi 17 août 2011

Un autre jour, le vent soufflera pour toi

Ernest a près de 70 ans. Lui aussi fait le voyage vers le nord. A son rythme. Le premier que je rencontre. Court sur patte, le visage halé par le soleil, une courte barbe blanche, dans laquelle il se réfugie pour parler. A Seattle, il accomplira un vieux rêve, s'acheter un bateau et remonter les côtes jusque l'Alaska. Le vent ? Il s'en fiche. Ça fait parti du voyage. Parfois il l'a eu pour lui. Cette fois non. Mais une autre fois ce sera son tour à nouveau. Et puis il n'y en a pas tout le temps pas vrai ? Qu'est ce que tu fais de toutes ces forets et collines qui par endroit te protège ?

J'ai sans doute pris la contrariété trop au sérieux l'autre jour. Je voulais que ce soit équitable ! Il fallait juste que je change d'échelle temporelle. Une autre fois le vent soufflera pour moi aussi.

Fort de mes nouvelles dispositions et après une bonne journée de pause à Bandon ce dimanche et un départ plus matinal, hier, lundi, m'a vu parcourir 80km. Avec un peu de vent parfois !

Quelques photos de ma bienfaitrice journée de dimanche...







Mon activité principale de la journée ? Ramasser des petits cailloux !

samedi 13 août 2011

Against the Wind

Depuis 5 jours que j'ai commencé, je n'ai rencontré personne allant vers le nord. Par contre chaque jour je croise pas mal de cyclistes allant vers le sud. Les premiers jours je me demandais bien pourquoi. Aujourd'hui j'ai compris...

Le vent de face, ennemi numéro 1 du cycliste au long cours. C'est terrible. Pas tant dans les jambes que dans la tête... Vous savez pertinemment que la route est plate mais non vous ne dépasserez pas le 12kmh. Vous savez pertinemment que la route descend, mais non vous pédalerez pour avancer. Et vous croisez vos comparses dans le sens inverse, qui vous font des grands signes : Hi ! Vous, vous n'ouvrez pas la bouche, vous avez déjà suffisamment de moucherons collés sur les dents. Quand, pour voir, vous allez dans l'autre sens et qu'en bougeant à peine les guiboles, vous faites du 25km/h, vous vous dites que c'est carrément injuste.

Ça me rappelle que je ne supporte pas l'invective. Ca me fou la haine, ca me hérisse le poil. Le vent de face en vélo, c'est un peu comme un sale type qui vous insulterait a tout va, sans relâche, et auquel vous ne pourriez pas répondre. Ça vous met en rage. Mais il n'y a rien à faire. Juste encaisser et faire le dos rond. Et à un moment vous abandonnez. Vous vous mettez de coté, vous prenez un carré de chocolat et vous contemplez la mer.

Ce soir je suis a Port Orford. Je ne devais pas y être, je n'avais fais que 50km. Mais j'en avais assez pour aujourd'hui. Bonne idée en fin de compte. Ca m'a permis de passer la soirée avec Emmet un irlandais qui va de Seattle à San Diego. On a un peu la même approche du vélo, deéendue, contemplative, 60km par jour avec pause photos et pic-nique. Ca m'a permis de dire tout haut ce que je pensais de ce sale type qu'est le vent. Emmet, lui, l'aime plutôt bien, le vent...

jeudi 11 août 2011

Cycliste du pacifique

Je viens ce matin de passer la frontière de l'Oregon. 3 jours au compteur derrière moi, 195km. Je ne sais pas pourquoi mais ça me plait de pouvoir dire que je suis en Oregon ! C'est pas commun.


Faux départ

La logistique du départ a été un peu laborieuse. J'avais décide de ne commencer mon périple qu'a partir d'Eureka, dans le nord de la Californie, à 7h de bus de San Francisco, histoire de raccourcir un peu. Ce devait être dimanche matin. Samedi après midi,  je mets donc tant bien que mal mon vélo dans un carton - trop petit, je dois faire des trous pour les pédales, et le guidon dépasse, mais ça leur va - laissant la charge à la compagnie de le mettre dans la soute.

Après quelques minutes de trajet, une curieuse intuition m'assaillit  : ont-ils bien chargé le vélo ? Le chauffeur ne sait pas me répondre, il ne s'occupe pas de ça. J'essaie de me calmer, de me dire que tout est pour le mieux. Mais décidément, ça ne passe pas. A l'arrêt suivant, 10mn après le départ, à Oakland, je descends vérifier. Pas de vélo ! Me voila donc bagages sur les épaules à reprendre le métro pour retour à la case départ . Je me suis plaint poliment, ce qui a suffi à me faire rembourser mon billet et avoir celui du lendemain gratuit...

Bon samaritain

Le bus est bien parti le lendemain. Avec mon vélo dedans. Lors d'une pause, un type m'adresse la parole, du genre comment ça va, où tu vas... Assez costaud, le visage rond, deux petits yeux en forme de bille, la peau rougeaude, il a franchement l'air un peu rustique. Vers 21h30, nouvelle pause, je commence à m'inquiéter de trouver un motel où dormir à Eureka. Le même type croise mon regard, me dit qu'on est bientôt arrivé. Et me confirme qu'il y a plein de motels. Il en profite pour glisser que lui et son pote sont en galère, pas une tune en poche, cherche un abri, promis, ils dormiront sur le sol. Euh ? Comment dire ? Je sais pas trop... Et là, le pote déboule. L'autre lui confirme "Eh ! ce gars là veut bien nous héberger pour la nuit ! Trop sympa. Merci mec, t'es super cool !" Quand est-ce qu'il m'a demandé mon avis au fait ?


En remontant dans le bus, je n'espère qu'une chose, c'est qu'ils aient oublié... Le bus s'arrête enfin. Il y a effectivement plein de motels autour. Il est 22h30, je remonte mon vélo. Les deux types attendent patiemment que j'ai fini... Qu'aurais-je dû faire ? J'ai pensé leur dire non, en fin de compte. J'ai pensé aussi leur payer une chambre d'hôtel histoire d'être tranquille... J'ai été pris de cours... Je décide finalement de la jouer cool. "C'est quoi vos prénoms ?" Simon et Doug. Ils ont à peu près mon age. Je découvre que Simon a juste un sac plastique avec lui... Il est pécheur de crabes 6 mois par an en Alaska. Les deux ne se connaissent que depuis trois jours, où l'un a proposé un job de pécheur à l'autre. Doug est plus un baroudeur. Il m'est plus sympathique ; il a un bouquin sur la flore et la faune des forets californiennes avec lui. Et un vrai sac de voyage au moins ! Ils comptaient dormir en forêt...

Me voila donc avec deux squatteurs dans ma chambre. Heureusement,  il y a deux lit, on ne se marchera pas dessus. Ils sont plutôt détendus, mais ça m'emmerde... J'apprends plus tard que Simon a rendez vous le lendemain au tribunal... La nuit se passe bien, je suis content qu'ils s'en aillent.

C'est difficile dans ces moments là. Vous aimeriez être une espèce de devin, de professionnel de la lecture des émotions, pour savoir si vous pouvez avoir confiance ou pas. Mais non. La prochaine fois je dirai que je cherche un camping.


Baleine Perdue


Le vrai voyage pouvait enfin commencer. Le lendemain soir, je profitais de la compagnie beaucoup plus agréable de cyclistes québécois, dont une nana, grande tige toute sèche à la mèche blonde, qui faisait exactement le même parcours que moi en sens inverse. Ouf ! Je ne suis pas tout seul !


C'est lendemain que ma route a croisé celle d'une baleine. Sur un pont au dessus d'une rivière, des passants la regardaient faire des cercles. La mer n'était pas loin, elle aurait pu y retourner. Mais certains disaient qu'elle avait élevé là son petit, par hasard. Celui ci devenu grand, était reparti à l'océan. Pour quelle raison sa mère était-elle restée, on ne le savait pas bien. Était elle malade ? Peut-être se languissait-elle de son petit : l'océan trop grand, elle s'était dit que c'était le seul endroit où elle pourrait le retrouver, si un jour il lui venait l'idée de revoir là où il avait grandit. Qui sait.










Sur ce, je vous souhaite une bonne nuit puisque 9h nous séparent et que vous êtes surement déjà dans vos lits.

vendredi 5 août 2011

D'un pont à l'autre


 De New York à San Francisco, du Brooklyn Bridge au Golden Gate Bridge. De Manhattan à Mission. C'est non sans une certaine mélancolie que se termine cette première aventure.

Le quartier dans lequel nous avons élu domicile, les faubourgs de San Francisco en général, font étrangement écho à Brooklyn, en moins guindé, en plus aéré, en plus libre et plus coloré. Il faut venir voir San Francisco, non pas en tant que touriste mais en tant que promeneur. Nous, nous n'avions plus trop l'énergie de toute façon pour jouer les visiteurs. Alors on a juste mangé des bagels dans les cafés du coin, flâné chez les brocanteurs et les libraires. Ah, et surtout trouvé un vélo digne de ce nom ! Juste de quoi me donner envie de me lancer.

B. rentre à Paris via New York cet après midi. Je continuerais seul ma promenade San franciscaine avant de donner une nouvelle mesure à ce voyage, dès dimanche. Autre rythme, autre respiration, autre voyage !

mardi 2 août 2011

Coup de foudre à Yosemite

Il vaut mieux parfois rester derrière la balustrade du spectacle de la nature. Notre visite du Parc national du Yosemite en Californie nous a foutu une belle frousse.

Alors que nous avions passés une nuit paisible sous la tente, sous les sequoias d'un camping isolé et calme, nous avions décidé le matin de profiter du parc avant de rejoindre le Pacifique. Le temps était couvert, assez frais (à ces hauteurs, 2700m, il subsiste encore de belles plaques de neige !). Sur les conseils de voisins campeurs, nous nous sommes lancés dans une petite promenade, vers le Lake May, large piste, assez douce, 5km aller-retour. Que du très raisonnable.

Sauf que chemin faisant, le ciel s'obscurcit. Assaillis par les moustiques, nous continuâmes tout de même, oubliant qu'un orage à cette altitude n'est pas un orage sur les buttes Chaumont...

Sur les monts à l'horizon, les nuages s'amoncelaient déjà, sombres et bruyants, quand les premières gouttes se mirent à tomber. Nous décidant à rebrousser chemin.... Sauf qu'il était trop tard. Nous entendîmes alors le tonnerre se rapprocher, les gouttes se multiplier. Quand soudain la foudre frappa à dix mètres devant nous, en un flash rapide et retentissant au pied d'un arbre.

Ça ne m'était jamais arrivé observer ce phénomène de si près et je me contenterai de cette première fois. Nous avons été pris de panique, je crois. Vous avez soudain l'impression d'être le moustique sur qui tout à l'heure vous frappiez des mains au hasard. C'est tout simplement terrifiant. Le bruit est retentissant et vous tétanise. Nous nous sommes mis bêtement à courir. Un autre éclaire est tombé non loin accroissant notre peur. Puis un autre et encore un... Le ciel versait alors des litres d'eau par mètre carré. On ne voyait plus, trempés jusqu'aux os. Essoufflés, nous ralentîmes le pas. Je commençais a devoir tirer la main de B. le souffle court et rauque, dont les lunettes et la chevelure mouillée cachaient le visage . Nos chaussures n'était plus qu'éponges alourdies.

Le retour fut interminable sous le ciel électrique et rugissant. Chaque arbre (et il y en a beaucoup en foret) devenait inquiétant, nous maintenant tant bien que mal au centre du sentier.

Puis nous arrivâmes en fin a la voiture, abasourdis, dégoulinant. Jamais je n'avais eu aussi peur.

Arrivés le soir à Monterey, tout ceci paraissait un souvenir lointain et irréel. A Monterey, le lendemain nous sommes allé visité l'aquarium. Rassurant, toute cette vie derrière des vitres.

Sur les rochers de la côte, tout près du rivage, des phoques se prélassent au soleil. Eux ont bien compris qu'il était préférable de rester du bon côté de la balustrade, ni trop loin ni trop près pour observer cet étrange animal qu'est l'humain. L'humain qui a peur du tonnerre.